Étude de trois têtes et d’une jambe par Nicolas Mignard dit Mignard d’Avignon

SOLD

Étude de trois têtes et d’une jambe par Nicolas Mignard dit Mignard d’Avignon.

Nicolas Mignard dit Mignard d’Avignon

Troyes, 1606 – Paris, 1668

Recto : Étude de trois têtes et d’une jambe

Verso : Etude pour sainte Élisabeth

Sanguine et pierre noire sur papier beige (recto) ; sanguine, pierre noire et rehauts de blanc (verso). Filigrane “grappe de raisin”.

405 x 240 mm – 15 15/16 x 9 7/16 in.

Provenance – Vente Marseille enchères Provence du 27 juin 2015, Lot 17.

 

Né à Troyes en 1606, Nicolas Mignard s’installe à partir de 1632 dans la ville d’Avignon, où se déroulera l’essentiel de sa carrière de peintre, abordant à peu près tous les genres : portraits, natures mortes, tableaux mythologiques et surtout religieux. Durant son séjour en Italie en 1635-1636, il découvre les grands décors des artistes bolonais et, plus particulièrement, les peintures d’Annibal Carrache au palais Farnese dont il exécutera plus tard des planches gravées. Appelé à Paris, par lettres royales en 1660, Nicolas Mignard se voit confier la décoration du Petit Appartement du roi aux Tuileries. Élu membre de l’Académie royale de peinture en 1663, puis nommé professeur et recteur, il meurt à Paris en 1668. On le surnomma plus tard « Mignard d’Avignon » pour le distinguer de son jeune frère Pierre, dit « Mignard le Romain » (1612-1695).

 

Fig.1

Au recto, notre dessin présente une étude de têtes et de jambe préparatoire aux figures des apôtres de l’Assomption de la Vierge, retable peint en 1643 pour l’église Sainte Marthe à Tarascon (Fig. 1)[1]. Les deux profils d’homme barbu baissant légèrement la tête, en haut à gauche et en bas à droite de notre feuille, correspondent à l’apôtre, situé à gauche dans la toile, qui porte son regard vers le tombeau vide. L’étude de jambe et de tête d’homme levant les yeux se rapporte au disciple agenouillé au premier plan sur la gauche qui exprime sa stupeur devant le corps de Marie élevé dans les cieux. Comme le suggère Antoine Schnapper, malgré une conception très différente de l’espace, la composition de ce tableau s’inspire de la célèbre Assomption peinte par Annibal Carrache pour la chapelle Cesari de la basilique Santa Maria del Popolo à Rome en 1600-1601 : les cinq figures d’apôtres placées au premier plan dérivent, en effet, directement des figures correspondantes dans l’œuvre du bolonais. Un autre dessin de détails préparatoires pour ce tableau est conservé au département des arts graphiques du musée du Louvre (inv. RF 36843)[2].

 

 

Fig.2

Au verso, l’étude de femme drapée, se dirigeant vers la gauche, prépare la figure de sainte Élisabeth accueillant Marie dans l’épisode de la Visitation, œuvre réalisée pour le maître-autel de la chapelle du couvent de la Visitation Saint-Georges, conservée depuis 1816 dans la chapelle des Pénitents Noirs en Avignon. (Fig. 2). Ce retable fut sans doute peint vers 1648, comme le suggère Adrien Marcel, au moment où les Visitandines prirent possession du couvent[3]. Il existe un dessin préparatoire d’ensemble, très proche de la composition finale, conservé au Metropolitan Museum de New York (inv. 2010.233) et un autre mis au carreau, resté chez les descendants du peintre comme la grande majorité de ses dessins jusqu’à leur vente au Louvre en 1978 (inv. RF36845).

 

Les deux tableaux ne datent pas de la même année. Nicolas Mignard utilisait très fréquemment le verso de ses dessins, parfois même quelques années plus tard. Comme l’explique Antoine Schnapper, l’une des singularités des études de détails de l’artiste réside dans la dissociation des draperies et des corps. Notre verso se concentre sur les draperies du personnage de sainte Élisabeth dont la tête est à peine ébauchée, tandis que notre recto étudie avec soin les visages et les membres des apôtres. Ces reprises de détails figurent parmi les morceaux les plus savoureux de l’œuvre de Mignard : il varie les effets de la pierre noire et de la sanguine et alterne délicatement ombres et lumières pour modeler les volumes.

 

[1] Antoine Schnapper, Nicolas Mignard d’Avignon (1606-1668), Palais des Papes, Avignon, 1979, n° 25, p. 56.

[2] Idem, D. 13, p. 126.

[3] Adrien Marcel, Mignard d’Avignon. Peintre et graveur (1606-1668) in Mémoires de l’Académie de Vaucluse, Première série, Tome XXXI, année 1931, Vaison, A. E. Macabet Frères, p. 1-111, n° 80, p. 73-74.

 

Constat d’état – Très bon état. Quatre petites taches grises.