Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine
Misy-sur-Yonne, 1745 – Paris, 1830
Marché en Pologne
Plume, encre noire et aquarelle.
90 x 174 mm – 3 9/16 x 6 7/8 in.
Signé et daté, à la plume et encre noire, en haut à gauche : D : f 1794.
Au verso du montage, inscription au crayon : NORBLIN DE LA GOURDAINE/ Marché en Pologne.
Provenance : Cachet en bas à gauche MMC non identifié ; Alfred Normand (1910-1993), son cachet (L. 153c) au verso ; cachet non identifié sur le montage en bas à droite.
Né en 1745 à Misy-sur-Yonne, Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine entreprend son apprentissage, en 1763, dans l’atelier de Jacques-Philippe Caresmes, ensuite dans celui de Francesco Casanova, en 1765, puis à l’Académie royale de peinture et de sculpture où il obtient, en 1771, le grand Prix de peinture. Protégé par les familles Czartoryski et Radziwill, Norblin de la Gourdaine se fixe en Pologne, s’y marie et reçoit, en 1785, le titre de peintre du roi et des lettres de noblesse polonaise. Il rencontre un grand succès dans son pays d’adoption où il fonde sa propre école d’art, exerçant son talent dans des genres très variés, réalisant de grandes décorations, des peintures, des aquarelles et des gravures. Parmi ses principaux, figure l’exécution de fresques pour les résidences des Czartoryski à Pulawy et Varsovie, ainsi qu’à Powazki pour la princesse Izabella Czartoryska. Témoin de nombreux évènements historiques importants, il les immortalise en peinture. Considéré comme l’un des peintres les plus importants du Siècle des Lumières en Pologne, son style traduit l’influence du peintre Watteau et se développe sur deux axes : la tradition du rococo et des fêtes champêtres d’une part, et une représention précise et quasi-journalistique de la vie quotidienne et d’évènements politiques. À son retour en France, après avoir passé trente ans en Pologne, il continue de dessiner, illustrant notamment les guerres napoléoniennes.
Notre dessin est signé, en haut à gauche, et daté 1794, année durant laquelle Jean-Pierre Norblin se trouve en Pologne. Il y trace rapidement, à la plume et encre noire, une scène de marché sur la place d’un village polonais, en ajoutant quelques touches d’aquarelle pour l’animer.
Cette feuille peut être rapprochée d’une série de vues de villes réalisées par l’artiste dont quelques-unes sont conservées à Cracovie comme le Marché dans une ville (fig. 1)[1]. Excellent observateur, Norblin « croque » les villes polonaises où il se rend, prêtant une attention particulière à la vie qui s’y déroule, illustrant avec plaisir les marchés, les kermesses, les jeux de plein air et danses. Il crée ainsi des œuvres pleines de mouvements, d’évènements et de coutumes captés sur le vif : les foires ou fêtes de village étant un de ses sujets de prédilection comme La foire de Leczna[2]ou La Fête villageoise[3]. Parmi les dessins de Norblin, ceux consacré au thème du genre prédominent et la grande majorité -environ 700 feuilles- provient de la collection Czartoryski, aujourd’hui conservée au musée national de Cracovie.
Cette manière d’apposer son monogramme et une date sur le haut de la feuille est courant chez Norblin ainsi qu’il apparaît sur La femme devant son miroir (fig. 2 et 3)[4].
Constat d’état – Très bon état.
[1] Krakow, Nationalmuseum, Inv. MNK XV-Yr.-1224.
[2] Krakow, Nationalmuseum, Inv. MNK XV-Yr.-963.
[3] Krakow, Nationalmuseum, Inv. MNK XV-Yr.-1001.
[4] Catalogue exposition Jean-Pierre Norblin, ein Künstler des Revolutionszeitalters in Paris und Warschau : Zeichnungen und Druckgraphik, Köln, Wallraf-Richartz-Museum, Graphische Sammlung, 7 juin-23 juillet 1989, p. 27.
