La Visitation by Giuseppe Nicola Nasini

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Le charme des papiers préparés pour cette composition baroque.

La Visitation by Giuseppe Nicola Nasini.

Giuseppe Nicola Nasini

Castel del Piano 1657 – Sienne 1736

La Visitation

Plume et encre brune, lavis brun, rehauts de blanc sur papier préparé.

370 x 225 mm – 14 9/16 x 8 7/8 in.

 

Originaire de Castel del Piano, ville appartenant au Duché de Toscane et historiquement très liée à Sienne, Giuseppe Nicola Nasini est issu d’une famille de peintres : son grand-père Giacomo et son père Francesco exerçaient dans la province de Sienne, sous l’influence des peintres de cette ville.

Soutenus par la famille Chigi, Giuseppe Nicola et son cousin Tommaso furent envoyés à l’Académie de Saint-Luc à Rome à la fin des années 1670. Giuseppe Nicola entra également à l’Accademia Granducale delle Arti di Roma, patronnée par les Médicis : il y acquit une manière graphique héritée de Pierre de Cortone, non auprès du maître lui-même mais de son meilleur élève et assistant, Ciro Ferri, directeur de l’académie de 1673 à 1688. Il obtint dans les deux académies de bons résultats et de nombreux prix. Après un bref retour à Sienne en 1685 où il participa avec son frère Antonio à la réalisation de décors à fresques pour la porte Camollia, il effectua, toujours avec son frère et son cousin, un voyage de trois ans à Venise, au cours duquel il réalisa de nombreuses œuvres dont il ne reste malheureusement rien. En 1689, Giuseppe Nicola Nasini s’installa à Florence au service du grand-duc Côme III, comme aiutante di camera et responsable des collections d’objets d’art. De 1690 à 1694, il exécuta quatre toiles, aujourd’hui perdues, sur le thème du Jugement dernier, pour le palais Pitti, ainsi que de nombreux tableaux d’églises et décors de palais, notamment pour le palais Medici Riccardi, où il put étudier les superbes fresques de Luca Giordano. Il s’installa à Sienne à la fin du XVIIe siècle et continua à peindre abondamment avant de partir pour Rome en 1716 où, désormais célèbre, il fut chargé de peindre la grande salle de la chancellerie pontificale et de participer, avec douze autres artistes, aux décors des niches ovales de la nef de la basilique Saint-Jean-de-Latran. L’un des derniers travaux romains de Nasini est la fresque représentant La Gloire de saint Antoine, pour l’église des Saints Apôtres, peinte en 1721-22. Dans les années 1720, Nasini rentra définitivement à Sienne où il dirigea un grand atelier, introduisant la manière baroque de Luca Giordano dans sa ville natale.

L’influence initiale de Cortone et de Ferri reste perceptible tout au long de sa carrière dans sa manière graphique caractérisée par un trait de plume vigoureux et d’une flexuosité anguleuse, associé à un lavis très présent et de forts rehauts de gouache blanche. Ses types physiques légèrement renfrognés ainsi que ses drapés amples et mouvementés restent caractéristiques de son style malgré des évolutions. Les grands fonds de dessins de Nasini sont conservés à la Bibliothèque Municipale de Sienne et aux Offices de Florence.

Cette impressionnante feuille doit être rapprochée de deux autres œuvres, de dimensions et techniques similaires, l’une représentant la Flagellation et l’autre également la Visitation (Vente Tajan, 12 février 2015). Peut-être s’agit-il de projets de retables pour une église, la découpe chantournée du haut pouvant évoquer l’insertion dans un décor de chapelle. On ne peut non plus exclure l’hypothèse que ces dessins aient appartenu à une série plus large traitant la vie du Christ de sa conception à sa résurrection. Nasini a fourni deux projets pour la Visitation, épisode de l’Évangile selon saint Luc dans lequel Elizabeth, elle-même enceinte de Jean Baptiste, reçoit la révélation de la nature divine de l’enfant que porte Marie.

Des deux versions notre feuille est la mieux composée. Nasini y démontre son sens théâtral de la narration et du décor, plaçant la rencontre des deux femmes sur les marches d’entrée du haut portail d’un palais, tandis que Zacharie ouvre les bras vers Joseph, qui est représenté de dos, portant un baluchon sous le bras. Au bas des marches, une mendiante et son enfant assistent à la révélation.

Constat d’état – Bel état, doublé sur papier japon.