Louis-Léopold Boilly
La Bassée 1761 – Paris 1845
Étude de têtes de jeune fille et d’enfant pour l’Héroïne de Saint-Milhier
Signé en bas à gauche Boilly.
Pierre noire, estompe et rehauts de craie blanche sur papier bleu gris.
278 x 258 mm – 10,95 x 10,16 in.
Provenance -Albert Pontremoli, sa vente, Paris, 20-21 juin 1924, n° 2 (650 francs ; selon une indication manuscrite dans le catalogue, acquis par Léon Voillemot) ; Léon Voillemot, Paris, son cachet à sec en bas à droite (L. 789d) ; Michel Tardieu, sa vente, Paris, Tajan, 18 mai 1999, n° 61 ; Paris, Artcurial, 14 novembre 2017, n° 409 ; collection particulière.
Bibliographie – Jacques Seligmann, L.-L. Boilly,catalogue exposition31 mai-22 juin 1930, Paris, p. 53 ; Louis-Léopold Boilly, catalogue d’exposition, Hôtel Sagan, Paris, 1930, n° 158 ; Annie Scottez de Wambrechies et Florence Raymond, Boilly (1761-1845), catalogue d’exposition, Palais des Beaux-Arts de Lille, 2011, p. 124, note 2 ; Étienne Bréton et Pascal Zuber, Louis-Léopold Boilly (1761-1845), 2 vol., Arthena, 2019, vol. 2, p. 522, n° 261 D.
Cette feuille représente une étude de détail d’un dessin fini illustrant le thème de L’héroïne de Saint-Milhier daté vers 1794 (fig. 1, cf. Étienne Bréton et Pascal Zuber, Louis-Léopold Boilly (1761-1845), 2 vol., Arthena, 2019, vol. 2, p. 522-523, n° 262 D), relatant le courage mythique d’une jeune femme de Vendée qui résiste aux assauts de pilleurs tout en protégeant ses quatre enfants. Ce sujet est extrait d’un Recueil des actions héroïques et civiques présenté à la Convention Nationale par le citoyen Léonard Bourdon(Paris, an II, 1793-1794, p. 25, n° 28) destiné à être distribué dans toutes les écoles de la République pour inciter les instituteurs à développer le sens civique des jeunes écoliers, puis à servir d’inspiration aux peintres pour illustrer des hauts faits révolutionnaires.
Le gouvernement républicain instaura le Concours de l’an II invitant les artistes « à représenter à leur choix sur la toile les époques les plus glorieuses de la Révolution française » afin de relancer la commande publique et permettre de favoriser la propagande républicaine en honorant les héros du nouveau régime. Boilly choisit d’y présenter Le Triomphe de Marat et renonça à peindre L’Héroïne de Saint-Milhier, sujet très populaire et déjà traité par d’autres peintres, notamment François-André Vincent, Marguerite Gérard ou Martin Drolling et des graveurs comme Cazeneuve et Thouvenin (BN Estampes, 52 B 9861) et Debucourt (BN estampes, 85 C 1719 11, cf. Claude Langlois, « Les dérives vendéennes de l’imaginaire révolutionnaire », in Annales. Histoires, Sciences Sociales, Cambridge University Press, 4e année, n° 3, 1988, pp. 771-797).
Le sujet, né de l’imaginaire révolutionnaire, relate l’histoire d’une jeune femme vendéenne résistant à une horde de pilleurs. Entourée de ses quatre enfants, elle pointe un pistolet en direction des brigands et un autre sur un baril de poudre, prête à faire sauter la maison et toute sa famille plutôt que de tomber aux mains des assaillants.
Cette étude rapide et enlevée prépare les figures de deux des enfants de l’héroïne, la jeune fille qui se tient à sa droite et le bébé qu’elle porte sur ses genoux. L’artiste concentre toute son attention sur l’expression de terreur des visages, accentuant les effets de clair-obscur par les contours marqués à la pierre noire et le modelé rendu grâce aux délicates touches de craie blanche.
Constat d’état – Très bon état de conservation. Monté en fausse marge – Papier gris bleu.