Paire de paysages architecturés et animés par Jean Thomas Thibault

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Jean Thomas Thibault

Montier-en-Der, 1757 – Paris, 1826

Paire de paysages architecturés et animés.

Encre grise, brune et lavis de sanguine.

153 x 208 mm & 154 x 208 mm – 6 1/32 x 8 3/16 in. & 6 1/16 x 8 3/16 in.

Signés J.T.Thibaut en bas à droite et l’un daté 1789.

Annoté J.T.Thibaut en bas à droite sur le montage.

 

Jean-Thomas Thibault, né le 20 novembre 1757 à Montier-en-Der (Haute-Marne) et mort le 27 juin 1826 à Paris, est une figure emblématique de l’art et de l’architecture français à la charnière du Siècle des Lumières, de la Révolution et de l’Empire. Formé initialement à la rigueur de l’architecture, il s’est distingué par une œuvre picturale de paysages d’une grande sensibilité, souvent reléguée au second plan de sa carrière académique.

Thibault reçoit une double formation : il étudie d’abord à l’École gratuite de dessin avant d’intégrer l’atelier d’architecture d’Étienne-Louis Boullée, une des figures majeures de l’architecture utopique néoclassique. En 1778, il remporte le concours de l’Académie d’architecture, consolidant ainsi son statut prometteur dans ce domaine.

Il se rend ensuite à Rome de 1788 à 1792, à ses propres frais. Ce séjour en Italie est un moment décisif. Là, il ne se contente pas d’étudier les monuments antiques ; il y pratique intensivement le dessin de paysage, souvent à l’aquarelle ou au lavis, un genre qu’il partage avec ses amis et futurs collaborateurs : les architectes Charles Percier et Pierre François Léonard Fontaine. C’est au contact de la lumière et des ruines romaines qu’il développe le style paysager qui fera sa renommée de peintre.

Revenu à Paris pendant la période révolutionnaire, Thibault, sans commandes architecturales immédiates, se consacre principalement à la peinture et au dessin. C’est durant cette période qu’il exécute l’essentiel de ses vues pittoresques de Paris et d’Italie, caractérisées par une approche plus romantique et mélancolique, contrastant avec la rigueur de son architecture néoclassique.

Il est l’un des rares architectes de son temps à produire et à exposer des peintures et des dessins pour eux-mêmes, notamment aux Salons de 1795 et 1796. Ses œuvres témoignent d’une affection particulière pour les vues de ruines, les scènes de campagne et les jeux de lumière, qui l’inscrivent dans la lignée des paysagistes néoclassiques comme Pierre-Henri de Valenciennes. Ses dessins et lavis sont aujourd’hui en grande partie conservés au musée du Louvre.

Sous l’Empire, la carrière de Thibault prend un tournant résolument architectural. Il devient l’un des architectes attitrés de la famille Bonaparte et Murat. Il est nommé architecte des châteaux de Neuilly, de la Malmaison (où il réalise la grande serre chaude pour l’impératrice Joséphine) et de l’Élysée pour Joachim Murat. Il travaille également pour le roi de Hollande, Louis Bonaparte, réalisant la restauration du Palais royal de La Haye et de l’Hôtel de ville d’Amsterdam.

Malgré cette intense activité d’architecte et d’administrateur (il fut membre du Conseil des Bâtiments civils), il est reconnu pour ses talents d’artiste. Il est élu membre de l’Académie des Beaux-Arts (section Architecture) en 1818 et devient, en 1819, professeur de perspective à l’École royale des Beaux-Arts en remplacement de P.-H. de Valenciennes.

Jean-Thomas Thibault est l’auteur posthume d’un important traité théorique, Application de la perspective linéaire aux arts du dessin (publié en 1827 par son élève Chapuis), qui témoigne de son rôle majeur dans l’enseignement artistique et architectural de son époque.

Il est surtout resté dans l’histoire de l’art comme un architecte-artiste ayant su allier la discipline de la construction à la sensibilité du paysage.

 

Nos deux dessins illustrent bien cette transition entre le néoclassicisme et le romantisme. L’architecture classique est envahie par la nature luxuriante au premier plan de laquelle, un couple d’amoureux s’embrasse dévêtus dans le premier dessin, un couple habillé à l’antique fait une offrande sur un autel dans le second dessin. On peut noter que ces dessins datent de son voyage à Rome.

 

Constat d’état : Bel état. Contrecollé sur montage ancien.