Seize cartons préparatoires au décor de l’église du Collegio Artigianelli par Enrico Reffo (1831-1917)

Enrico Reffo

Torino 1831 – 1917

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Né à Turin en 1831, Enrico Reffo fut initié par son père à l’orfèvrerie, puis suivit, dès l’âge de 22 ans, les cours du soir des peintres Alessandro Antonelli et Michele Cusa à l’Accademia Albertina di Belle Arti. Dans les premières années de son activité artistique, il participa à quelques expositions de la Società Promotrice delle belle Arti de Turin puis se mit en retrait pour se consacrer presque entièrement à l’art sacré. Excepté quelques portraits d’amis, il réalisa essentiellement des œuvres où l’art et la foi sont liés. Il séjourna brièvement à Rome, Florence, Bologne, Venise et Padoue pour étudier les chefs-d’œuvre de l’art religieux.

Son frère, Don Eugenio (1843-1925), était un fidèle collaborateur de saint Leonardo Murialdo qui fonda, en 1873, la Congrégation de San Giuseppe au sein du Collegio Artigianelli pour venir en aide aux garçons pauvres de Turin.  Enrico y installa son atelier et enseigna gratuitement le dessin, la peinture et la sculpture, créant une école reconnue qui se perpétua pendant des années. Il devint l’un des plus importants peintres piémontais de thèmes religieux de la seconde moitié du XIXe siècle, consacrant son activité d’enseignant et de peintre à la cause chrétienne en réalisant de nombreux chantiers dans les églises de Turin et ses alentours.  

Pendant cinquante ans, il peignit presque exclusivement pour l’Eglise, exécutant des décorations, des retables et des fresques dans tout le Piémont dans des chapelles privées, des oratoires et des églises à Varallo, Novara, Pinerolo, Giavegno, Vigone, Volpiano et surtout Turin où il a laissé les empreintes de son passage dans plusieurs édifices : San Domenico (Sainte Lucie, Crucifix avec les saints Thomas, Pierre martyr et Catherine de Sienne), San Giovanni Evangelista (peintures de la nef centrale, du chœur et de l’abside), San Filippo Neri (Vierge à l’enfant et saints), San Tommaso (L’Immaculée Conception et des saints franciscains), San Secondo Martire (Retable de la chapelle dédiée à Saint Joseph, Sainte Agnès et Le Chemin de croix), Santa Barbara (Madone du Rosaire), La Consolata (Saint André) et La Salute (triptyque du Sacré-Cœur et Triptyque des Archanges). Il entreprit également la décoration des parois intérieures de l’église de San Dalmazzo entre 1895 et 1916.

Une intense spiritualité se dégage de ses modèles[1], offrant un exemple rare de la peinture figurative de la seconde moitié du XIXe siècle en Italie. En 2011, l’exposition L’austera bellezza dei cartoni inediti di Enrico Reffo à la Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea de Turin a présenté un ensemble de dessins préparatoires aux décorations murales réalisées par l’artiste pour l’abside de l’église de San Giovanni Evangelista, pour la sacristie de l’église des Saints Pierre et Paul et pour l’église des Santi Angeli Custodi à Turin. Comme le définit Virginia Bertone, l’art d’Enrico Reffo dépeint les valeurs de la foi avec un « langage expressif entremêlé d’un purisme sévère et élégant »[2].

Dans ses études préparatoires, Enrico Reffo montre sa maîtrise du dessin académique rappelant les œuvres des grands maîtres de l’art florentin et siennois. Il réalisa de nombreuses esquisses sur papier et carton de grand format où il dessinait d’abord des figures nues qu’il revêtait ensuite de draperies.

Ces anges musiciens sont des études préparatoires pour des écoinçons du décor pariétal de l’église du Collegio Artigianelli, gravement endommagée par des bombes durant la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui laissée à l’abandon. Grâce à un reportage effectué sur les lieux en ruines en 2022, on découvre les restes de fresques (à partir de 2’25’’) de putti musiciens dans des écoinçons, derniers témoignages de l’ensemble décoratif réalisé par Enrico Reffo.


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[1] Cf. Claudio Daprà, Caterina Thellung de Courtelary, « Enrico Reffo (1831-1917). Pittore religioso tra Ottocento e Novecento. I suoi disegni », dans I Quaderni della Collezione civica d’arte, 28, Pinerolo, 1991, p. 40-43.

[2] Cf. Virginia Bertone, Wunderkammer. L’austera bellezza : cartoni inediti di Enrico Reffo dal Gabinetto, Fondazione Torino Musei, catalogue d’exposition, 19 mai-2 octobre 2011, Torino, 2011.