Francesco Zuccarelli
Pitigliano 1702 – Florence 1788
Paysage arcadien ; des bergers assis près d’une rivière, un village dans l’arrière-plan
Plume et encre brune, lavis brun, lavis gris, rehauts de blanc.
275 x 385 mm – 10 13/16 x 15 2/16 in.
Provenance : une collection anglaise du début du XXe siècle (selon l’étiquette de l’encadreur au dos, ill. 1).
Peintre et dessinateur talentueux, Zuccarelli fut très apprécié de ses contemporains qui collectionnaient abondamment ses paysages poétiques. Après une formation toscane auprès de Paolo Anesi (1697 – 1773), il passe plusieurs années à Rome dans l’atelier de Giovanni Maria Morandi (1622 – 1717). Dans la Cité Éternelle, il découvre le paysage classique à travers les maîtres anciens, Claude et Poussin, mais aussi ses contemporains comme Jan Frans Van Bloemen (1662 – 1749) et Andrea Locatelli (1695 – 1741). Il ne retourne que brièvement à Florence, préférant s’installer à Venise où il se fait connaître principalement grâce au comte Francesco Algarotti qui possède 36 tableaux de lui. Il gagne l’estime de collectionneurs importants et rencontre le consul Joseph Smith qui l’introduit dans le milieu anglais, très présent à Venise. C’est peut-être sur ses conseils qu’il s’installe à Londres, une première fois de 1752 à 1762 puis de 1765 à 1771, où il connait un succès considérable, travaille pour de nombreux amateurs et fait partie des fondateurs de la Royal Academy. De retour en Italie, il reçoit des commandes de prestigieux collectionneurs tels que l’Électeur de Saxe et le roi de Prusse.
Zuccarelli dessine le paysage aussi abondamment qu’il le peint. Sa technique riche, souvent nourrie de forts rehauts de gouache blanche, donne à ses dessins la qualité de petites peintures. Sa vision de la nature est encore plus idéalisée, plus idyllique que celle de ses contemporains vénitiens Marco Ricci (1676 – 1730) et Giuseppe Zaïs (1709 – 1781/1784). À la différence de Canaletto, vedutiste plus analytique, il s’efforce de retranscrire en peinture et en dessin la sensation de l’atmosphère et de la lumière. Véritables petits poèmes arcadiques, ses œuvres sont empreintes d’une grâce pastorale et sereine caractéristique de la peinture vénitienne.
Parmi les sujets favoris de Zuccarelli, celui exploré dans cette feuille, les bergers au repos, revient fréquemment. La démarche graphique de l’artiste se veut ici picturale et audacieuse : un lavis abondant et des rehauts de gouache se mêlent à un tracé à la plume énergique d’une grande liberté, presque griffé. L’élégante étiquette H. Alden and Co collée au dos du carton d’encadrement atteste de la provenance anglaise de ce dessin. Henry Cyril Alden (1871-1939), issu d’une famille d’encadreurs, est répertorié comme installé en 1893 au 29 James Street, Oxford Street.
Constat d’état : dans un montage du début du XXe siècle (470 x 609 mm). Gouache légèrement oxydée.