Louis Jean François Lagrenée
Paris 1725 – 1805
Académie de femme debout, de profil, tenant un drapé
Contre épreuve de sanguine, rehaussée de sanguine, de lavis de bistre au pinceau et de pierre noire.
Signé Lagrenée en bas à droite.
625 x 375 mm – 24 5/8 x 14 3/4 in.
Provenance – Artcurial, Paris, 23 mars 2017, lot 50.
Cette œuvre est une contre-épreuve retravaillée par l’artiste. Elle a été réalisée en pressant une feuille humidifiée sur le dessin original à la sanguine pour en obtenir l’image inversée par dépôt de matière.
Le dessin original par Louis Lagrenée, non localisé aujourd’hui, a été réalisé dans le contexte d’une série d’académies (études anatomiques) féminines et masculines destinées à être gravées par Louis-Marin Bonnet. La série d’estampes a été étudiée et inventoriée par Jacques Hérold qui en a dénombré une trentaine, gravées d’après des dessins originaux de Lagrenée (dans Louis Marin Bonnet (1736-1793). Catalogue de l’œuvre gravé, Paris, publication de la société pour l’étude de la gravure française, 1935).
Cette contre-épreuve est précisément celle du dessin pour la « douzième académie féminine » (fig. 1) répertoriée par les soins de J. Hérold (n° 71).
Lagrenée a signé la contre-épreuve à la plume et à l’encre par-dessus la signature originale inversée lors du report. La technique de la contre-épreuve affaiblissant le dessin original et résultant en un exemplaire forcément atténué de l’image, les artistes avaient souvent pour habitude de retoucher les deux feuilles. C’est bien le cas ici : pour renforcer l’image, Lagrenée a repassé les contours de la figure et a retravaillé le drapé au lavis brun. Il a également ajouté une touche de pierre noire dans les yeux pour intensifier le regard et le rendre plus réel. Dans son étude sur l’artiste, Marc Sandoz a mentionné l’influence de Carle Van Loo, maître de l’artiste à l’Académie royale, dans ce travail d’études d’anatomies. Mais c’est peut-être auprès de Charles Natoire, directeur de l’Académie de France à Rome lors de son séjour romain, que Lagrenée apprit cette technique de la pierre noire dans les yeux, une astuce également utilisée par Natoire dans son Étude pour la figure de Pan par exemple.
Le fait que la feuille ait été aussi abondamment retravaillée et signée dans le bon sens atteste de sa destination : grande, décorative et d’un sujet plaisant, elle était sans aucun doute destinée à être vendue à des amateurs.
Louis Lagrenée est l’un des artistes français les plus importants de la seconde moitié du XVIIIe siècle, ses œuvres témoignant de l’abandon d’un goût décoratif et léger, souvent associé au rococo, en faveur d’un style plus simple et tourné vers les sujets de l’Antiquité annonçant le néo-classicisme.