Luca Giordano
Naples 1634 – 1705
Une femme retirant une flèche du corps d’un homme allongé
Plume et encre brune, lavis d’encre brune, sanguine sur papier préparé.
133 x 97 mm – 5 1/4 x 3 13/16 in.
Bibliographie : Sebastiano et Pietro Scarpa, Antichi disegni dalla Collezione Ligabue, Milan, 2005, p. 74.
Peintre et dessinateur prolifique, le napolitain Luca Giordano, appelé Fa Presto, fut élève de Jusepe Ribera (1591 – 1652) avant de partir découvrir Rome, Parme et Venise. Il se forge un style extrêmement décoratif, qui allie les influences romaines et vénitiennes – Pierre de Cortone et Véronèse – et, de retour à Naples il reçoit de nombreuses commandes religieuses, pour l’abbaye du Monte Cassino, pour les églises Santa Brigida et San Gregorio Armeno par exemple. Il travaille dans tous les grands centres de la vie artistiques, y compris à Florence où il laisse un plafond éblouissant au Palazzo Medici Riccardo. Vers 1687, il est invité par Charles II d’Espagne à travailler au monastère de l’Escorial, aux palais royaux du Buen Retiro (Madrid) et d’Aranjuez (Tolède).
Les dessins de Luca Giordano reflètent la curiosité d’esprit de cet artiste à la fois pragmatique et créatif, qui sait s’adapter pour produire avec efficacité et brio. Les métamorphoses de son style graphique intriguent : la ligne droite ou la courbe, l’angulosité ou les sinuosités, le dessin aux traits ou le dessin baigné de lavis… Giordano a exploré de nombreuses techniques, de nombreux styles, des écritures très différentes les unes des autres, ce qui complique parfois les attributions.
Ici, le dessin allie traits de plume et encre brune à un dessin sous-jacent à la sanguine, sur un papier beige. Le trait est plutôt droit et dénué de fioriture, et pourtant l’artiste parvient à donner le sens du volume et de la profondeur.
Le sujet reste mystérieux : une femme retire une flèche du flanc d’un homme allongé. Il a été proposé qu’il s’agisse de saint Sébastien soigné par sainte Irène, un sujet plusieurs fois traité par Luca Giordano, mais le saint devrait être nu et sainte Irène accompagnée d’une suivante. La présence d’un chien à l’arrière, rapidement esquissé à la sanguine, suggère plutôt le thème de la chasse. Les accidents de chasse sont fréquents dans l’histoire de la déesse de la chasse, Diane, mais la scène ne correspond ni à l’histoire d’Actéon, ni vraiment à celle du géant Orion.
Rapport d’état – Feuille libre. Le bas de la feuille refait sur environ 4 mm. Une bande de papier horizontale collée en bas au verso (visible sur la photographie).
Très légère trace de pliure verticale sur le bord droit. Quelques rousseurs ou taches sur le bord droit et en bas de la composition.
L’encre et la sanguine sont en bel état.