Edmé Bouchardon
Chaumont-en-Bassigny, 1698 – Paris, 1762
Projet de médaille « Securitas Imperii » ou Naissance du duc de Berry (1754)
Annotations, à la sanguine, pour la légende : SECURITAS IMPERII et pour l’exergue : NAT. DUCIS BITURIC./ M DCC LIV.
Inscription, à la plume et encre brune, en haut à gauche, sur le montage bleu d’origine : Le 17 avril 1757 remis am Roithier lepere le dessin.
Sanguine sur papier. Trait d’encadrement circulaire à la sanguine.
220 mm de diamètre (8 11/16 in.)
Provenance – Austin Gunnison (1833-1915), Cincinnati, Ohio, collection particulière, Californie ; Paris, vente Christie’s, 18 mars 2004, partie du lot n° 106 (comme attribué à).
Bibliographie – Winslow Ames, « Bouchardon and Company » in Master Drawings, 1975, vol. 13, n° 4, p. 379-400, n° 35.
Né en 1698, fils d’un architecte sculpteur, Edmé Bouchardon se forme à l’Académie royale de peinture et de sculpture à Paris avant de se rendre, en 1723, à Rome. Il y étudie à l’Académie de France durant neuf ans avant d’être rappelé à Paris par Louis XV. Tout au long de sa carrière, il a été reconnu à la fois comme un grand sculpteur, voire comme le premier du XVIIIe siècle devant Coustou, Houdon ou Pigalle et comme un remarquable dessinateur, célébré en particulier pour Les Cris de Paris.
De 1737 jusqu’à sa mort, en 1762, Bouchardon occupa la fonction prestigieuse de dessinateur de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Fondée sous Louis XIV, cette institution royale était investie d’une double mission. Elle s’attachait à faire progresser la connaissance historique, mais aussi à fournir des inscriptions destinées à la propagande du régime. Dans cette seconde prérogative, l’Académie se devait de concevoir les médailles de l’Histoire métallique du roi et les jetons de l’administration royale. Entre 1749 et 1750, à la suite d’une série de conférences, Bouchardon fut mandaté pour dessiner un groupe important de médailles dans le but de repenser et compléter l’Histoire du roi à la suite de la Paix d’Aix-la Chapelle, qui, du fait de la cession des Pays-Bas autrichiens, avait affaibli la position de la France en Europe[1]. Cette série de dessins, réalisés à la sanguine, commémorait des conquêtes militaires françaises comme Furnes, Ypres, Menin, Tournai ou Bruxelles.
Une fois les dessins approuvés par le secrétaire de la Petite Académie Claude Gros de Boze (1680-1753), ils étaient montés sur papier bleu pour être montrés par le Secrétaire d’Etat Maurepas au roi Louis XV. Ils étaient ensuite transmis au directeur de la Monnaie, Jules Robert de Cotte (1683-1767), lequel inscrivait en haut à gauche du montage une « remise » qui indiquait le nom du médailleur et la date à laquelle le dessin lui avait été remis. D’après la mention indiquée sur le montage bleu de notre dessin, il s’agit du médailleur Joseph Charles Roëttiers (1693-1779), dit le Père auquel le dessin a été remis le 19 avril 1757 (cf. Médaille conservée au musée du Louvre, inv. AOP 2084, graveur Jean Duvivier, Fig 1). Une copie de notre feuille, sans doute réalisée par le médailleur, est conservée dans un recueil à la Monnaie de Paris (Ms. F° 127, n° 117)[2].
L’ensemble de ces dessins a été exécuté à la sanguine, mesurant environ 21-22 cm de diamètre alors que les médailles étaient gravées dans un format plus petit ; 4,1 cm de diamètre. Sur chaque médaille, l’avers représentait une effigie de Louis XV et le revers devait comporter une composition comprenant trois éléments : un corps de devise (l’image), une légende (devise en latin) et un exergue (sujet de la commémoration inscrit dans l’espace horizontal sous l’image avec une date en chiffres romains). Un groupe de huit dessins de cette série est conservé au Metropolitan Museum of Art de New York[3] dont Servato Foedere Semper (inv. 1979.10.2)
Notre projet de médaille Securitas Imperii illustre la naissance de Louis-Auguste, duc de Berry, le 23 août 1754. Marie Josèphe de Saxe tient dans ses bras son fils, nouveau dauphin[4], devant une colonne sur laquelle est posée la couronne du futur roi Louis XVI.
[1] Edouard Kopp, « Bouchardon’s drawings for medals and jetons : making history at the Petite Académie (1737-1762), in Master Drawings, New York, 2009, p. 191-220, p. 199-201.
[2] Recueil de 124 dessins relatifs aux Médailles sur les faits principaux du règne de Louis XV conservé à la Monnaie de Paris (Ms. F° 127). Cf..Fernand Mazerolle, Les dessins de médailles et de jetons attribués au sculpteur Edme Bouchardon, Paris : E. Plon, Nourrit et Cie, 1898.
[3] Jacob Bean et Lawrence Turcic, 15th – 18th Century French Drawings in the Metropolitan Museum of Art, New York, 1986, n° 18-25.
[4] À la suite à la mort précoce de son frère Xavier-Marie, duc d’Aquitaine âgé de 5 mois.
Constat d’état – Trés bon état de conservation. Montage bleu original collé sur la feuille, une tache jaune en haut à gauche.