Projet de médaille « Pacis Nuntius » ou les Préliminaires de la Paix signés à Vienne (1735) par Edmé Bouchardon

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Projet de médaille « Pacis Nuntius » ou les Préliminaires de la Paix signés à Vienne (1735) par Edmé Bouchardon.

Edmé Bouchardon

Chaumont-en-Bassigny, 1698 – Paris, 1762

Projet de médaille « Pacis Nuntius » ou les Préliminaires de la Paix signés à Vienne (1735)

Annotations, à la sanguine, pour la légende : PACIS NUNTIUS et pour l’exergue : PRAEVIIS CONDITIONIBUS/ VINDOBONAE SANCITIS/M.DCC.XXV.

Inscription, à la plume et encre brune, en haut à gauche, sur le montage bleu d’origine : Le 24 janvier 1752 remis le dessein am Roittier le fils.

Sanguine sur papier. Trait d’encadrement circulaire à la sanguine.

220 mm de diamètre (8 11/16 in.)

Provenance – Austin Gunnison (1833-1915), Cincinnati, Ohio, collection particulière, Californie ; Paris, vente Christie’s, 18 mars 2004, n° 107.

Bibliographie – Winslow Ames, « Bouchardon and Company » in Master Drawings, 1975, vol. 13, n° 4, p. 379-400, n° 20.

 

Né en 1698, fils d’un architecte sculpteur, Edmé Bouchardon se forme à l’Académie royale de peinture et de sculpture à Paris avant de se rendre, en 1723, à Rome. Il y étudie à l’Académie de France durant neuf ans avant d’être rappelé à Paris par Louis XV. Tout au long de sa carrière, il a été reconnu à la fois comme un grand sculpteur, voire comme le premier du XVIIIe siècle devant Coustou, Houdon ou Pigalle et comme un remarquable dessinateur, célébré en particulier pour Les Cris de Paris.

 

De 1737 jusqu’à sa mort, en 1762, Bouchardon occupa la fonction prestigieuse de dessinateur de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Fondée sous Louis XIV, cette institution royale était investie d’une double mission. Elle s’attachait à faire progresser la connaissance historique, mais aussi à fournir des inscriptions destinées à la propagande du régime. Dans cette seconde prérogative, l’Académie se devait de concevoir les médailles de l’Histoire métallique du roi et les jetons de l’administration royale. Entre 1749 et 1750, à la suite d’une série de conférences, Bouchardon fut mandaté pour dessiner un groupe important de médailles dans le but de repenser et compléter l’Histoire du roi à la suite de la Paix d’Aix-la Chapelle, qui, du fait de la cession des Pays-Bas autrichiens, avait affaibli la position de la France en Europe[1]. Cette série de dessins, réalisés à la sanguine, commémorait des conquêtes militaires françaises comme Furnes, Ypres, Menin, Tournai ou Bruxelles.

 

Fig.1

Une fois les dessins approuvés par le secrétaire de la Petite Académie Claude Gros de Boze (1680-1753), ils étaient montés sur papier bleu pour être montrés par le Secrétaire d’Etat Maurepas au roi Louis XV.  Ils étaient ensuite transmis au directeur de la Monnaie, Jules Robert de Cotte (1683-1767), lequel inscrivait en haut à gauche du montage une « remise » qui indiquait le nom du médailleur et la date à laquelle le dessin lui avait été remis. D’après la mention indiquée sur le montage bleu de notre dessin, il s’agit du médailleur Charles Norbert Roëttiers (1720-1772), dit le Fils qui reçut la commande le 24 janvier 1752 (cf. Médaille conservée au musée du Louvre,Fig 1, inv. OAP 1970). Une copie de notre feuille, sans doute réalisée par le médailleur, est conservée dans un recueil à la Monna ie de Paris (Ms. F° 127, n° 70)[2]. Un autre dessin de projet de médaille intitulé Le Congrès de Soissons (fig. 1, Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des Monnaies, inv. 2004.268)[3] porte la même inscription et date de remise au médailler Roëttiers.

 

L’ensemble de ces dessins a été exécuté à la sanguine, mesurant environ 21-22 cm de diamètre alors que les médailles étaient gravées dans un format plus petit ; 4,1 cm de diamètre. Sur chaque médaille, l’avers représentait une effigie de Louis XV et le revers devait comporter une composition comprenant trois éléments : un corps de devise (l’image), une légende (devise en latin) et un exergue (sujet de la commémoration inscrit dans l’espace horizontal sous l’image avec une date en chiffres romains). Un groupe de huit dessins de cette série est conservé au Metropolitan Museum of Art de New York[4] dont Servato Foedere Semper (inv. 1979.10.2)

Notre projet de médaille Pacis nuntius ou message de Paix illustre le dieu Hermès reconnaissable à ses attributs – caducée et casque ailé – survolant le globe terrestre. Il pointe son caducée en direction de la Terre en signe de paix pour marquer les préliminaires du Traité négocié à Vienne en 1735 afin de mettre fin à la guerre de Succession de Pologne, conflit européen qui dura de 1733 à 1738. La présence d’un dieu de la mythologie antique dans cette composition rappelle que l’Histoire métallique du roi Louis XV de 1715 à 1764 mêlait volontiers la réalité historique des faits et la fable dans le but de magnifier la personne royale[5].

 

[1] Edouard Kopp, « Bouchardon’s drawings for medals and jetons : making history at the Petite Académie (1737-1762), in Master Drawings, New York, 2009, p. 191-220, p. 199-201)

[2] Recueil de 124 dessins relatifs aux Médailles sur les faits principaux du règne de Louis XV conservé à la Monnaie de Paris (Ms. F° 127).  Cf. Fernand Mazerolle, Les dessins de médailles et de jetons attribués au sculpteur Edme Bouchardon,  Paris : E. Plon, Nourrit et Cie, 1898.

[3] Edouard Kopp, « Dessin de médailles et de jetons », in Edme Bouchardon 1698-1752, une idée du beau, Paris, Louvre éditions et Somogy, 2016, p. 191-220, n° 93, p. 180.

[4] Jacob Bean et Lawrence Turcic, 15th – 18th Century French Drawings in the Metropolitan Museum of Art, New York, 1986, n° 18-25.

[5] Idem, p. 191-220.

 

Constat d’état – Très bon état de conservation. Le montage bleu original est collé sur la feuille et présente de légères déchirures en bas à droite.

Propositions d'encadrements

Pas de cadre, Cadre inversé (3,3 cm) teinté ébène, Cadre Louis XVI or (3cm)