Franc-Maçonnerie, dessins et gravures du Chevalier de Bérainville, 1777

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Pierre Claude Person dit Person de Bérainville

XVIIIe siècle

 

  1. Projet de médaillon préparatoire à « Votum unum per Orbem » et dédié à la gloire de Marie-Caroline d’Autriche, reine de Naples.

 

Plume et encre brune, lavis brun, rehauts de blanc. Composition circulaire sur une feuille rectangulaire, dans un double trait d’encadrement noir.

Signé, inscrit et daté P. de Bérainville inv. / F... Voysard / Ch. Allegre pinx / Carola Regina/Neapolitanorum frangit vincula/Aprilis 1777.

248 x 178 mm – 9 3/4 x 7 1/64 in.

Bibliographie

Louis Petit de Bachaumont, Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France depuis 1762 ou Journal d’un observateur, tome X, p. 217.

 

Gravure incluse dans l’emboitage

Ce dessin, qui a été gravé, représente la délivrance des francs-maçons de Naples par la protection de la reine du royaume. La lettre de la gravure en donne l’explication : « A LA GLOIRE IMMORTELLE DE L’AUGUSTE CAROLINE, REINE DE NAPLES / La vertu maçonnique chargée de chaînes et traînée par l’Imposture dans les horreurs du cachots…La Vérité lève le voile qui cachoit aux ïeux des Profanes, le Temple érigé par les Maçons, à la gloire et au bonheur de l’humanité. L’AUGUSTE CAROLINE, MINERVE, de nos jours, conduite par la ienfaisance dont elle est inséparable, vient au secours de l’innocente victime… l’Imposture frémit, son masque tombe, et la perte de sa Proie, met le comble à ses fureurs / Au find d’un cachot, sans espoir, sans appui / La timide VERTU, que l’imposture immole / Voit en CAROLINE aujourd’hui / et son Salut, et son IDOLE / PRESENTÉ À SA MAJESTÉ ET DÉDIÉ A S...A...S... MGR LE DUC DE CHARTRES GRAND MAÎTRE DE TOUTES LES LL... R... DE France Par le Cher P. de Berainville / F... de la L... de THALIE À l’ O... de Paris. »

Le dessin est vendu avec la gravure.

Le dessin illustre de quelle façon Marie-Caroline, reine de Naples, fille de l’empereur François Ier (qui était maçon) et sœur de Joseph II, soutint les francs-maçons italiens et tenta de les protéger contre l’édit de prohibition des francs-maçons promulgué par son époux, Ferdinand IV,  en 1775. La protection de la reine fut célébrée dans plusieurs chansons et illustrée dans différentes gravures en son honneur.

 

 

  1. Projet de vignette préparatoire à « Timor unus una Laetitia », illustration dédiée au rétablissement de la santé de SAS Mgr le duc de Chartres.

 

Plume et encre brune, lavis brun

250 x 178 mm – 9 13/16 x 7 1/64 in.

 

Gravure conservée à la BNF

La gravure tirée de ce projet, conservée à la BNF, donne l’explication de l’illustration : « RÉTABLISSEMENT DE LA SANTÉ DE S... A... S... MGR LE DUC DE CHARTRES / LES PARQUES ourdissent la trame des jours du  S...G... MAITRE LOUIS PHILIPPE JOSEPH D’ORLEANS DUC DE CHARTRES …Esculape en soustrait le fil précieux au fatal ciseau d’Atropos la Maçonnerie voit avec consternation sa lumière sur le point de s’éclipser, tandis que l’Hymen assis sur les attributs des Arts tenant dans son bras deuxx couronnes de myrte, simbole de la naissance des Princes MGR LE DUC DE VALOIS et MGR LE DUC DE MONTPENSIER, pose sur l’écusson de S.A.S. deux autres couronnes tissues de roses, figurant les deux PRINCESSES jumelles nouvellement  nées / Ses jours filés par la Félicité / Echapent au ciseau de la Fatalité/ PRÉSENTÉ À SON ALTESSE SÉRÉNISSIME ET DÉDIÉ A TOUS LES MM... RR... DE FRANCE. Par le Cher P. de Berainville / F... de la L... de THALIE À l’ O... de Paris. »

 

En septembre 1777, le duc de Chartres fut malade. Sa convalescence fut célébrée par les Francs-Maçons par un Te Deum en musique à l’église des Cordeliers, événement réservé à ceux qui pouvaient entrer avec « des figures de reconnaissance ». À cette occasion, Bérainville réalisa un nouveau projet de vignette que nous présentons ici mais qui n’est pas mentionné par Bachaumont.

Bachaumont explique que le 7 août 1777, la franc-maçonnerie chargea Berainville « connu par son génie tourné à l’allégorie », de réaliser une allégorie gravée, dédié au Duc de Chartres, relativement à « l’aventure des frères de Naples et à l’heureuse issue qu’elle a eue ». C’est probablement ce médaillon gravé que produisit le chevalier de Berainville le 8 septembre 1777. Bachaumont commente : «  l’on ne doute pas que cet heureux essai ne procure au chevalier de Bérainville la dignité de médailliste, chargé des devises et inscriptions de l’ordre ».

 

Gravure incluse dans l’emboitage

Une gravure “Le temple de l’Humanité” est incluse dans l’emboitage.

 

Ancien magistrat, lieutenant particulier des eaux et des forêts, Person de Bérainville fut aussi littérateur et membre de plusieurs société savantes et maçonniques. Il est l’auteur de nombreuses pièces de théâtre, drames lyriques et comédies, telles que La tendresse villageoise jouée lors des fêtes données à l’occasion de la naissance de Madame Royale (1778) ou encore L’Épreuve du sentiment ou les deux frères, joué au Palais-Royal en mars 1789. Il est également l’inventeur de plusieurs machines, qui furent exposées au Salon du Museum entre 1792 et 1799, dont il explique le fonctionnement dans un Recueil de mécanique relatifs à l’agriculture et aux arts (1802). Louis Petit de Bachaumont l’évoque à plusieurs reprises dans ses Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France (…) et le présente comme un amateur courtisan qui offre ou présente régulièrement des vers et des dessins ; en juin 1774, au Duc d’Aumont, une médaille allégorique sur le nouveau règne; en février 1775, un dessin traitant le retour du Parlement à M. d’Aligre « qui l’a accueilli avec beaucoup d’honneteté, mais n’a pas mis dans cette réception tout l’enthousiasme qu’exigeoit la circonstance » ; en 1776, un dessin allégorique célébrant le règne de Marie-Thérèse d’Autriche en remerciement duquel celle-ci lui aurait fait envoyer cinq médailles du cabinet impérial ; enfin, en 1777, une médaille sur le sujet de la reine de Naples protégeant les francs-maçons italiens (présenté plus haut).