Frederik Ludvig Storch
Kerte (Funen) 1805 – Copenhague 1883
Des fées dansent autour d’un enfant endormi aux portes d’un palais enchanté
Crayon noir et rehaut de blanc sur papier préparé beige.
500 x 660 mm – 19 11/16 x 25 15/16 in.
Artiste danois de la période romantique, Storch étudia la théologie pour suivre la voie de son père pasteur, mais fit également des études artistiques à l’Académie des Beaux-arts et à l’école du modèle. En 1826, il participa aux expositions officielles du Danemark qui se tenaient au Palais royal de Charlottenborg, à Copenhague, avec un tableau représentant La mort d’Oscar (Copenhague, Statens Museum for Kunst), sujet qui illustre son intérêt pour les poèmes d’Ossian. En 1832, il s’installa à Munich où il demeura vingt ans, prenant activement part à la vie artistique allemande et aux expositions officielles. Il se rapprocha également d’une petite colonie d’artistes danois installés en Bavière, parmi lesquels Christian Holm, Niels Simonsen et Christian Andreas Schleisner. Pendant ces années, il n’envoya que deux tableaux aux expositions de Charlottenbourg, en 1843 et 1844, mais ceux-ci lui valurent de bénéficier d’une bourse royale pour effectuer un voyage en Italie vers 1845-46. Il en rapporta quelques tableaux pittoresques, traitant de sujets italianisants, qui connurent un succès certain. En 1852, de retour au Danemark, il fut agréé à l’Académie royale et gagna sa vie comme peintre de portrait. Storch s’intéressa aussi à des sujets du folklore scandinave, comme La petite sirène (Christie’s, 17 juin 1999, lot 206) Le comte Otto d’Oldenborg et la corne d’Oldenbourg (Statens Museum for Kunst) ou Heimer et Aslaug (localisation inconnue).
Cette grande composition peut être rapprochée d’un tableau, Le Rêve ou Nymphes dansant autour de l’amour endormi (Londres, Christie’s 12 février 1993, lot 56 ; fig. 1) dans laquelle on retrouve le même motif de l’enfant endormi entouré par des nymphes ou des fées. L’attrait de l’artiste pour les représentations oniriques se manifeste dans plusieurs autres œuvres, par exemple Un homme rêvant dans une forêt (Bruun Rasmussen, 28/11/1996, lot 589), qui montre un homme endormi entouré de fées, ou encore Le Violoniste écoute les sons de la nature (Bruun Rasmussen, Copenhague, 5/03/1997, lot 357), composition dans laquelle les sons de la nature prennent l’apparence de personnages de contes de fées, lutins, géant, elfes. Ce goût pour le surnaturel semble s’être développé particulièrement après son retour au Danemark, où sans doute il s’est intéressé aux légendes et récits vernaculaires, d’ailleurs diffusés par son compatriote et contemporain Hans Christian Andersen (1805 – 1875). Dans notre dessin, les fées semblent former un halo protecteur autour de l’enfant endormi, seul dans la montagne ; à droite, un palais lumineux s’ouvre dans le roc entre deux colonnes torses. Nous n’avons pas pu identifier le conte ou l’épisode mythologique illustré par l’artiste, mais il est frappant de remarquer combien, pour traiter ce genre de sujets, il s’inspire encore des œuvres ossianiques de Girodet, qu’il dut connaître par les reproductions en lithographies, et dont il semble apprécier les effets de lumière et de saturation de personnages.