Jean Launois
Sables-d’Olonne 1898 – Alger 1942
Portrait d’homme borgne
Crayon noir, estompe. Traits d’encadrement au crayon. Signé Jean Launois en bas à droite.
139 x 120 mm – 5 1/2 x 4 3/4 in.
Provenance – Collection Alfred Normand, son cachet (Lugt 153 c) au dos en bas à droite.
D’origine vendéenne, Jean Launois montra très rapidement un talent sûr pour le dessin et fut encouragé dans cette voie par ses parents. Il se forma auprès de ses compatriotes vendéens Charles Milcendeau et Auguste Lepère puis entra à l’Académie Jullian à Paris.
Enrôlé en 1916 pour la Première Guerre mondiale, il continua à dessiner sur le front, et réalisa de nombreux portraits de soldats, qu’il présenta en 1918 au conservateur du musée du Luxembourg, Léonce Bénédite. Celui-ci lui acheta plusieurs œuvres, dont le magnifique portrait de Charlot et celui du Caporal en bonnet de police, aujourd’hui au Centre Georges Pompidou. C’est également à cette époque que Launois réalisa le portait d’Anatole France qui fit la couverture de L’Illustration du 1er janvier 1924. Il remporta une bourse qui lui permit de passer deux ans à la Villa Abd-el-Tif à Algers, séjour qui le marqua considérablement et l’attacha pour toujours à ce pays dans lequel il devait d’ailleurs terminer ses jours. En Algérie, il côtoya les peintres de l’école d’Alger, comme Étienne Bouchaud et se lia d’amitié avec Étienne Dinet et Albert Marquet. En 1923, il remporta le prix de l’Indochine et commença un long périple en Asie, à pied, à cheval ou en bateau, pendant lequel il dessina abondamment.
En 1926, sa première grande exposition à la galerie Van Leer connut un franc succès, et lui gagna du travail d’illustration pour des ouvrages littéraires. Il épousa la fille du poète André Suarès en 1927. Tout au long des années 1920, il voyagea beaucoup entre Paris, la Vendée et l’Algérie. Dans les années 1930, la pression financière se fit plus difficile et il entreprit d’enseigner le dessin à Saint-Jean-des-Monts en Vendée. Là, il rencontra le peintre et céramiste Henry Simon, élève lui-aussi de Milcendeau. En 1939, il fut mobilisé en dépit d’une santé précaire. L’intervention d’amis bienveillants, parmi lesquels André Dunoyer de Segonzac, permit de le relever de ses fonctions sur le terrain pour être assigné à la cartographie. À la fin de la guerre, il partit vivre chez ses beaux-parents à Saint Tropez, mais repartit pour l’Algérie en mars 1942 pour y mourir en novembre.
Ses œuvres sont principalement conservées au musée de l’abbaye de la Sainte-Croix aux Sables-d’Olonne. Une exposition rétrospective lui fut consacrée au musée des Beaux-arts d’Alger en 1937.
Ce portrait d’un homme borgne montre la force du dessin de Launois dont le réalisme reste toujours, dans ses portraits, associé à l’élégance formelle du trait. Il tient facilement la comparaison, en matière de qualité et de force, avec ses meilleurs portraits qui sont aujourd’hui conservés au centre Pompidou.
Constat d’état – Très bon état.