Alessandro Maganza
Vicence, 1556 – 1630
La Déploration du Christ
Plume et encre brune, lavis brun sur traits de crayon noir.
280 x 190 mm – 11 1/32 x 7 1/2 in.
Grand filigrane arrondi.
Provenance : Saint-Ouen, galerie Arsinopia, 2008 ; Paris, collection Jacques-André et Colette Ulmann, leur cachet (L. 3533) au verso en bas à droite ; Paris, vente Beaussant-Lefevre, collection Ulmann, 10 février 2022, n° 55
Né à Vicence en 1556, Alessandro Maganza se forme dans l’atelier de son père, Giovanni Battista, puis prend des leçons auprès du véronais Giovanni Antonio Fasolo. Entre 1572 et 1576, il effectue un séjour à Venise, étudiant les œuvres de Véronèse et de Zelotti. Ce voyage est déterminant dans sa manière de dessiner car son style se transforme, sous l’influence des peintres maniéristes vénitiens, et plus spécialement de Palma il Giovane. Il ouvre ensuite un atelier dans sa ville natale qui devient très productif grâce à la collaboration de ses trois fils, Giambattista il Giovane, Marcantonio et Gerolamo. Il réalise de nombreux retables d’autel pour la décoration d’églises et d’abbayes de Vicence : La Vierge avec quatre évangélistes au Monte Berico, L’Adoration des Mages à San Domenico, Le Martyre de Sainte Justine à San Pietro et Ciel et Enfer à San Rocco. Il reçoit également des commandes émanant d’autres villes italiennes : Padoue, Bergame, Brescia, Milan et Pavie.
Ce dessin illustre le dernier épisode de la Passion du Christ intitulé La Déploration du Christ ou Lamentation du Christ représentant la Vierge, Marie-Madeleine, Saint-Jean et Joseph d’Arimathie soutenant le corps du Christ après sa descente de Croix. Alessandro Maganza a traité ce sujet à plusieurs reprises dans sa carrière. Il a notamment réalisé une pala (fig. 1) pour le premier autel de la nef droite dans l’église San Pietro Intrigogna à Vicence dont nous pensons que notre feuille constitue un des dessins préparatoires. Nous pouvons également la rapprocher de deux dessins de même sujet, proposés sur le marché de l’art en 1997, présentant des similitudes dans le style et l’attitude des personnages. Dans le premier[1] (fig. 2), l’inclinaison du buste et de la tête du Christ penchée vers l’arrière est identique à celle de notre feuille ainsi que la figure de Joseph d’Arimathie, à l’arrière-plan à droite, tenant le vase d’onguent. Dans le second[2], nous retrouvons la Vierge représentée debout, derrière le corps de son fils allongé, avec les mains croisées en signe d’adoration.
Influencé par l’art maniériste de Tintoret et de Palma il Giovane, Alessandro Maganza cerne d’un trait rapide ses personnages et applique des touches de lavis pour souligner la tension dramatique de la scène. Les longs doigts effilés et les petits nez pointus sont caractéristiques de la manière de l’artiste vicentin.
Constat d’état – Dessin doublé. Pliures et taches. Papier fragile (petits trous) doublé et monté à claire-voie. Encadré
[1] La Lamentation du Christ ; plume, encre brune et lavis sur traits de pierre noire ; 276 x 197 mm ; Londres, vente Sotheby’s, 2 juillet 1997, n° 136.
[2] La Lamentation du Christ ; plume, encre brune et lavis sur traits de pierre noire ; 170 x 140 cm ; Londres, vente Sotheby’s, 17 avril 1997, n° 143.