Études d’une tête de jeune homme de profil et d’une main par Carletto Caliari

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Provenance prestigieuse pour cette feuille du fils de Véronèse.

Études d’une tête de jeune homme de profil et d’une main par Carletto Caliari.

 

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Carletto Caliari

Venise 1570 – 1596

Études d’une tête de jeune homme de profil et d’une main, recto ; deux études de bras, verso

Pierre noire, rehauts de craie blanche et touches de sanguine sur papier gris bleu.

Inscrit Carletto C au recto et C.C. N° 49 au verso.

146 x 116 mm – 5 3/4x 4 9/16 in.

Provenance – Giuseppe Caliari, Venise ; Zaccaria Sagredo, Venise (Lugt 2103 a) ; Sotheby’s, Londres, 1er juillet 1971, lot 27 ; collection privée, Londres.

Bibliographie – Julian Stock, Disegni veneti di collezioni inglesi, Venise, Cini, 1980, p. 50, n° 58, illustré ; W.R. Rearick, Maestri veneti del CinquecentoBiblioteca di disegni, vol. 6, Florence, 1980, n° 34, illustré.

 

Cette belle étude de jeune homme revient à Carlo Caliari, surnommé Carletto, le plus jeune des fils du grand peintre vénitien Paolo Caliari, dit Véronèse. Naturellement formé dans l’atelier familial, Carletto bénéficia également de l’aide d’une autre grande famille d’artistes vénitiens, les Bassano. À la mort de Véronèse, Carletto et son frère aîné Gabriele (1568 – 1631) reprirent l’atelier paternel, avec l’aide de leur oncle Benedetto. Ensemble, ils achevèrent certaines de ses œuvres, sous la signature commune d’Haeredes Pauli, ce qui n’aide pas à distinguer leurs mains l’une de l’autre. Huit tableaux sont signés de Carletto, et le biographe des peintres vénitiens, Carlo Ridolfi, en mentionne quelques autres, permettant de faire émerger une personnalité artistique aux contours assez définis dont les caractéristiques principales sont une palette chaude héritée de son père, une touche bassanesque et un mélange de références formelles à ses deux maîtres. C’est notamment par sa manière graphique et par l’usage du pastel ou des craies de couleur dans presque tous ses dessins, ne serait-ce que par touches, que l’influence de la famille des Bassano sur le jeune fils de Véronèse est évidente.

 

Comme la plupart des dessins de Carletto qui nous sont aujourd’hui parvenus, cette feuille provient du fameux album dit « Sagredo-Borghese ». Tout le matériel graphique et artistique de l’atelier Caliari passa d’abord entre les mains du fils de Gabriel, Giuseppe Caliari, qui en fut le dépositaire jusqu’à sa mort. L’inventaire dressé après son décès en 1681 dénombre environ 1 500 dessins sans distinction de mains. Il semblerait que le doge Nicolo Sagredo (1606-1676) ait commencé à collectionner les dessins dès le milieu du XVIIe siècle, une habitude imitée par ses héritiers. C’est vraisemblablement son frère Stefano, ou son neveu Zaccaria, qui acquit les feuilles Caliari et les annota avec un système d’initiales et de numérotation. L’inscription Carletto C se retrouve sur plusieurs feuilles, dont certaines sont en rapport avec des tableaux. Notre dessin se rapproche d’un groupe d’œuvres de la collection Skippe, en vente chez Christie’s en 1958, autrefois dans l’album Sagredo-Borghese. Autrefois attribués aux Bassano, ces dessins ont été depuis rendus à Carletto par William Roger Rearick (cf. Rearick, Il disegno veneziano del cinquecento, Milan, Electa, 2001, p. 180), grâce notamment aux correspondances qui ont pu être établies avec les tableaux. Un groupe de dessins assez homogène a ainsi pu être constitué et rendu à Carletto.

 

Cette feuille peut, elle aussi, être rapprochée de certains tableaux de Carletto Caliari. L’étude de visage du jeune garçon rappelle celui du jeune page placé sur la droite dans La rencontre entre le Christ et sainte Véronique (Basilica dei Santi Giovanni e Paolo, Venise) : il présente le même type de visage, au nez droit et bien dessiné et aux courts cheveux raides, ainsi qu’une expression similaire de concentration et de sérieux, le regard intense et la bouche entrouverte. La main qui semble saisir une draperie peut, quant à elle, être mise en relation avec les mains de plusieurs des personnages du tableau Shah Abbas, Premier ambassadeur en Europe, à Venise (Venise, palais des Doges, 1595), mais plus particulièrement avec la main droite du doge de Venise. Enfin, les études de bras au verso font penser, en sens inverse, au bras de l’un des mendiants de L’Aumône de sainte Christine (Bergame, Accademia Carrara).

Constat d’état – Monté en fausse marge – découpe de la feuille irrégulière . Le dessin est très lisible.