Paolo de Matteis
Piano del Cilento, Salerne 1662 – Naples 1728
L’Immaculée Conception
Plume et encre brune, lavis brun, cintré dans la partie supérieure.
418 x 230 mm – 16 1/2 x 9 in.
Provenance – Robert Low, Londres (L. 2222)
Exemple d’étude pour une composition religieuse, cette feuille est typique du style de Paolo De Matteis et peut-être rapprochée de deux tableaux du même sujet réalisés pour des églises napolitaines. Conçues l’une en 1722 pour l’église San Francesco degli Scarioni et aujourd’hui en dépôt à San Lorenzo, l’autre (fig. 1) vers 1726 pour l’église de la Conception à Chiatamone, ces deux représentations de l’Immaculée Conception sont proches et reprennent les éléments de notre dessin : une composition verticale, avec la figure de Dieu le Père au sommet, la Vierge au centre, debout sur un croissant de Lune, piétinant le serpent, entourée de chérubins et supportée par un ou deux anges. L’ange de droite est ici assis, jambes croisées, dans une position que l’on retrouve approximativement dans les deux tableaux. Celui de gauche soutient les nuages de sa main gauche. Dans les tableaux, Matteis réemploie ces différentes positions en les organisant différemment : dans celui de 1722, l’ange de droite cumule les deux positions puisque, croisant les jambes, il soutient aussi les nuages, tandis que, dans celui de 1726, c’est l’ange de gauche qui, de manière inversée, croise les jambes. Matteis a également utilisé ce thème en l’insérant dans de plus amples compositions, telle L’Exaltation de la Vierge dans l’Ancien et le Nouveau Testament (Berlin, Gemäldegalerie) de 1716-1717, où il montre toujours cette même façon d’agencer les personnages entre eux, reprenant à plusieurs reprises cet ange aux jambes croisées.
La main est typique et rappelle de nombreux dessins de Matteis et, comme dans le dessin précédent, sa formation auprès de Giordano est encore sensible. Il utilise suivant l’exemple de son ancien maître un tracé à la plume et encre brune, auquel le lavis donne toute sa force et sa dimensionnalité. Le style graphique est tout à fait comparable à celui de la Charité de saint Vincent de Paul, par exemple, un dessin de même technique conservé au musée de Darmstadt, publié par Walter Vitzthum(1), puis par Erich Schleier(2), qui le relie au tableau de même sujet, réapparu entre-temps à la galerie Jean-François Heim. On y retrouve d’ailleurs encore ce même ange, presque un lieu commun pour Matteis. Il faut signaler le morceau de bois au centre de la feuille, pris dans les fibres du papier, trace originelle de la fabrication artisanale du papier.
1. Walter Vitzthum and Catherine Monbeig Goguel, Le Dessin à Naples du XVIe au XVIIIe siècle, XXXIXe exposition du Cabinet des dessins, Paris, musée du Louvre, 1967, cited p. 30.
2. Erich Schleier, “Opere di Paolo de Matteis in Germania”, Scritti in onore di Raffaello Causa, ESI Napoli, 1988, p. 310, reproduced.