Lorenzo de Ferrari
Gênes 1680 – 1744
Vénus conduite par l’Amour
Avec inscription Lorenzo De Ferrari en bas à gauche.
Pierre noire.
378 x 293 mm – 14 7/8 x 11 1/2 in.
Fils du peintre Gregorio de Ferrari et de Margherita Piola, elle-même fille du peintre Domenico Piola, Lorenzo appartient donc à la plus importante et la plus efficace dynastie de peintres génois, la casa Piola. Il bénéficia dès sa jeunesse d’un enseignement typiquement génois, mais ouvert sur une double influence, celle du classicisme bolonais de Guido Reni d’un côté et de la peinture de cour d’Anton Van Dyck de l’autre. Ses compositions aux couleurs acidulées et aux multitudes de figures ornent les plafonds des plus importants palais de Gênes, comme la galerie de la chapelle du palais Durazzo (aujourd’hui Palais Royal), où il insère ses scènes dans des quadratures ou encore les salons du palais Grimaldi, du palais de Giovanni Carlo Doria et du palais Brignole-Durazzo.
Cette gracieuse étude représente Vénus assise sur son char en compagnie de l’Amour ailé, de suivantes et de colombes. Apulée décrit le char de Vénus traîné par quatre colombes « éblouissantes de blancheur ». Mais dans les représentations ultérieures, leur nombre varie : quatre en effet chez Raphaël dans les fresques de la Farnésine mais deux dans la composition du Rosso pour la Galerie de François Ier, conservée en tapisserie au Kunsthistorisches Museum de Vienne ou trois dans une gravure du maître du dé. Selon Plutarque, « les Grecs […] disent que la colombe est consacrée à Vénus,le dragon à Minerve, le corbeau à Apollon ou le chien à Diane» (Plutarque, Isis et Osiris, 70 (Mor., 379d). La colombe est particulièrement emblématique d’Aphrodite Uranie, déesse d’un amour spirituel et céleste, par opposition à l’amour charnel d’Aphrodite Pandemos.
L’Amour guide Vénus, la tenant par le bras. Ce motif est parfois utilisé pour dépeindre le moment, tiré des Métamorphoses d’Ovide, où la déesse est guidée par son fils aimé jusqu’au corps sans vie d’Adonis, comme dans un tableau de Jacopo Zanguidi, appelé Il Bertoja (Musée du Louvre, RF 1995-8). Mais dans ce dessin, ni Vénus ni l’Amour ne semblent particulièrement affligés. Au contraire, un léger sourire flotte sur leurs lèvres. Il s’agit donc d’un autre moment, peut-être l’une des apparitions de Vénus, à Énée par exemple.
Ce dessin ne peut malheureusement être relié à un décor précis, mais Lorenzo de Ferrari a peint Vénus et son char dans plusieurs œuvres. Elle apparaît avec Mars, nue et toujours accompagnée de colombes dans l’une des grisailles du Palais royal. On la retrouve dans l’un des tableaux circulaires de la galerie dorée qui représente Hercule forgeant des armes pour Énée. Enfin, au plafond de la galerie des miroirs du palais Spinola di Pellicceria, elle est assise en compagnie de Bacchus dans les nuées, sa nudité atténuée par des voiles légers, son char à l’arrière-plan. Le dessin est rapide et synthétique, tracé d’une façon presqu’aérienne qui convient tout à fait au sujet et témoigne de la facilité de composition de l’artiste.
Constat d’état – Bel état. Papier fin. Quelques traces de pliures anciennes et marque de séchage dans le milieu. Petites piqures dans la partie basse.