Gaspare Diziani
Belluno, 1689 – Venise, 1767
Vierge à l’Enfant sur un trône entourée de saints
Huile sur toile
517 x 298 mm – 20 3/8 x 11 3/4 in.
Provenance : Londres, vente Christie’s, 4 mai 2012, lot 175 ; Vienne, vente Dorotheum, 17 octobre 2012, lot 833 ; collection particulière européenne ; Paris, vente Artcurial, 9 juin 2021, n° 22.
Né à Belluno, Gaspare Diziani se rend à Venise où il entre dans l’atelier de Gregorio Lazzarini puis, par la suite, dans celui de Sebastiano Ricci. Entre 1710 et 1720, il exécute des peintures et fresques pour de nombreuses églises vénitiennes. En 1717, il séjourne en Allemagne, successivement à Munich et à Dresde, où il semble avoir réalisé des décors de scène. De 1726 à 1727, il se rend à Rome sur invitation du cardinal Ottoboni et peint, en 1726, le décor de l’église San Lorenzo in Damaso -aujourd’hui perdu-. En 1720, il est inscrit comme membre de la corporation des peintres vénitiens. A partir de 1728, il s’établit définitivement à Venise, à l’exception de brefs séjours à Belluno, Trévise et Padoue. Sa production, tant religieuse que profane, est considérable : retables, tableaux d’autels, fresques et bozzetti. En 1755, il est l’un des fondateurs de l’Académie de peinture et en devient président en 1760 et 1766. Durant toute sa carrière, Gaspare Diziani reste fidèle à l’art de Sebastiano Ricci, avec des influences de Giambattista Tiepolo et de Gian Antonio Pellegrini.
Cette toile, représentant la Vierge à l’enfant sur un trône, entourés, à gauche, par saint Joseph et saint Roch avec son chien et, à droite, par saint Sébastien, saint Georges et peut-être saint Ambroise, devait sans doute constituer un modello pour un tableau de plus grand format -perdu ou non identifié- comme le suggère le professeur Ugo Ruggeri[1]. Ce bozzetto pourrait être une commande privée pour le retable d’autel d’une chapelle ou d’un oratoire personnel car on aperçoit un homme vêtu de noir, situé derrière saint Joseph, dans l’attitude d’adorant -les mains jointes en signe de prière-, sans doute le commanditaire.

L’agencement des saints, autour de la Vierge à l’enfant magnifiée en hauteur au pied d’une colonne, reprend le modèle créé par Titien, en 1526, pour la Madonna di Ca’ Pesaro dans la basilique des Frari à Venise Le riche dais de tenture, au-dessus du trône de la Vierge, le rendu précieux des étoffes et les coloris brillants sont caractéristiques des œuvres de Gaspare Diziani. La composition laisse apparaître des similitudes avec d’autres retables d’autel comme la Vierge au rosaire entourée de saints du Dôme de San Vito al Tagliamento[2] (fig. 1) et la Circoncision de l’église de Sant’ Ambrogio à Sambruson[3] (fig. 2). Dans cette toile, transparaît, par la vivacité technique et le goût des effets lumineux, l’héritage de son maître Sebastiano Ricci. Cette œuvre est à situer dans la période de maturité de l’artiste, moment où il réalise de nombreuses esquisses brillamment enlevées et destinées au commerce.

Constat d’état – La toile rentoilée anciennement laissant apparaître une bande de papier d’environ 1 cm sur les quatre bords.
Examen à la lampe U.V. : le vernis a jauni. Quelques retouches visibles, en bas à droite, au niveau de la base des deux bâtons, sur le bord inférieur.
[1] Certificat d’authenticité rédigé par le professeur Ugo Ruggeri en 2011.
[2] La Vierge du Rosaire avec les saints Joseph et Nicolas Huile sur toile. H. 270 cm ; L. 130 cm. Vers 1740. Dôme de San Vito al Tagliamento (cf. Anna Paola Zugni-Tauro, Gaspare Diziani, Venezia, 1971, p. 84, ill. 34).
[3] La Circoncision Huile sur toile ; H. 270 cm ; L. 130 cm. Vers 1760-1763. Sambruson, église Sant’ Ambrogio (cf. A. P. Zugni-Tugno, op. cit, p. 84, ill. 274).