Jean-Jacques Lagrenée, dit le Jeune
Paris, 1739 – Paris, 1821
Offrande à l’Amour
Huile sur panneau de chêne.
258 mm x 202 mm – 10 3/16 x 7 15/16 in.
Signée en bas à gauche : J. J. Lagrenée.
Provenance : Paris, vente Drouot, le 19 décembre 1994, lot 68 ; Paris, galerie Jean-François Heim, 2009.
Elève de son frère aîné, Louis-Jean-François, Jean-Jacques Lagrenée séjourne avec lui en Russie entre 1760 et 1762 après avoir obtenu le second grand prix de Rome. Il se rend en Italie entre 1763 et 1768 où il se passionne pour l’Antiquité, effectuant de nombreux relevés dans la région de Naples. Agréé par l’Académie royale en 1769, il expose régulièrement au Salon entre 1771 et 1804. En 1775, il est reçu à l’académie avec le Plafond de l’Hiver de la galerie d’Apollon au Louvre. Il réalise, également, de nombreux dessins pour la Manufacture de Sèvres introduisant un nouveau répertoire de motifs et de formes de vases.
Vêtue d’une tenue à l’antique, une jeune femme, agenouillée au sein d’un jardin luxuriant, dépose une guirlande de fleurs au pied de la sculpture d’Eros, dieu de l’Amour. Le buste en partie dévoilé, elle semble recueillie et plongée dans un profond silence, attitude qui confère à la scène un caractère de simplicité et d’intimité. Elle est accompagnée d’un chien, symbole de fidélité, évoquant la quête d’un amour absolu.
Ce sujet est très en vogue à la fin du XVIIIe siècle et rappelle les tableaux dits « à la grecque » de Joseph-Marie Vien (1716-1809), contemporain de l’artiste, initié par le courant néo-classique. Lors du Salon de 1769, Jean-Baptiste Greuze expose une Jeune fille faisant sa prière au pied de l’autel de l’Amour, conservée aujourd’hui à la Wallace Collection de Londres (fig.1)[1].

Le thème de l’Offrande à l’Amour a été traité de façon similaire, mais en largeur[2], par Jean-Jacques Lagrenée dans un tableau, présenté dans la vente Verrier[3] en 1776 : « Offrande à l’Amour/ Une jeune nymphe faisant l’offrande d’une guirlande de fleurs à la statue de L’Amour : elle est à genoux, la gorge et les bras nus, dans une attitude suppliante. Le côté gauche du tableau est marqué par le feuillage d’un bois ; et dans le fond à droite, on voit venir plusieurs autres nymphes« [4]. La gravure de Jean-François Janinet[5] demeure le seul témoignage de ce tableau, aujourd’hui perdu (fig. 2).

Notre œuvre est également à rapprocher d’un petit panneau L’offrande à l’Amour, de mêmes dimensions, daté de 1780, vendu chez Christie’s en 2018 : une jeune nymphe avec sa flèche et son chien – sans doute la déesse Diane – debout devant une sculpture de l’Amour qui déroule la même guirlande de fleurs composée de roses de vigne.
Devant les similitudes établies avec ces œuvres de l’artiste, nous pouvons dater notre petit tableau des années 1775-1780.
Constat d’état – Bon état général. La couche picturale présente un réseau de craquelures verticales sur l’ensemble de la surface.
[1] Une jeune fille faisant sa prière au pied de l’autel de l’Amour, Huile sur toile, H. 145,5 cm ; L. 113 cm, acquise par le Duc de Choiseul. Londres, Wallace Collection, inv. P441.
[2] Les dimensions du tableau référencé par Marc Sandoz sont : 9 pouces 6 x 13 pouces 6 (environ 24 x 35 cm).
[3] Vente Verrier, Paris, le 18 novembre 1776, n° 113.
[4] Marc Sandoz, Les Lagrenée, Tome II Jean-Jacques Lagrenée (1739-1821), Paris, 1988, n° 62, avec reproduction p. 198 de la gravure de Janinet.
[5] Gravure de Jean-François Janinet (1752-1814), eau-forte en couleurs, H. 34,9 cm ; L. 50,7 cm. Cf. Portalis et Beraldi, Les graveurs du XVIIIe siècle, 1881, n° 59. L’épreuve de la Bnf fut exposée à l’Exposition d’œuvres d’art du XVIIIe siècle à la Bibliothèque nationale, Paris, 1906, n° 656.