Benjamin Rabier
La Roche-sur-Yon, 1864 – Faverolles, 1939
L’oie et ses oisons
Plume, encre noire et légers rehauts de bleu à l’estompe
280 x 210 mm – 11 1/32 x 8 1/4 in.
Inscrit au crayon bleu en haut à gauche L’Oie et numéroté 1 (par-dessus 2)
Légendé au crayon dans la marge gauche de la feuille C’est un habitant de distinction / il pond au mois de mars
Excellent dessinateur dès son plus jeune âge, Benjamin Rabier s’impose très tôt comme l’un des auteurs à succès dans des journaux tels que Le Rire, Le Pêle-Mêle, puis L’Assiette au beurre, Le Chat noir et La Jeunesse illustrée. Ses succès lui permettent bientôt d’illustrer des ouvrages entiers parmi lesquels Les Fables de La Fontaine et Le Roman de Renart mais aussi de publier ses propres créations comme Tintin-Lutin et son journal Histoire comique et naturelle des animaux (1907-1908). Son personnage Tintin-Lutin, qui porte un pantalon de golf et une petite houppette et qui part en moto jusqu’à Moscou dans l’un des épisodes, inspirera à Hergé son célèbre reporter. Bourreau de travail, Benjamin Rabier a longtemps cumulé un travail de nuit comme comptable avec une production artistique d’une richesse incroyable, jusqu’à ce qu’il tombe malade et décide, en 1910, de se consacrer entièrement à son art. Il s’applique à produire des images-emblèmes comme le Lapin va-t-en-guerre des avions de l’escadrille SAL 39 (celle de Joseph Kessel) plus tard repris par les biscuits Gringoire, et des personnages comme Flambeau le chien de guerre, autant de personnages et symboles qui accompagnent et entretiennent le sens de l’humour d’une génération pourtant gravement touchée par les difficultés de la guerre et des épidémies. Il travaille également pour la publicité et c’est à lui que l’on doit le logo d’un optimisme immodéré de la célèbre Vache qui rit (d’abord créé pour le service de ravitaillement en viande fraîche des sections automobiles de l’armée, la RVF, repris en 1919 pour illustrer une partition de Fox trot intitulée la Wachkyrie, puis en 1923 pour les fromages de Léon Bel). Dès 1916, Rabier s’était lancé dans le dessin animé, technique dans laquelle son sens du rythme et du mouvement put s’exprimer pleinement après la guerre : le chien Flambeau et le canard Gédéon (1922-1925) deviendront ses personnages les plus célèbres.
Cet amusant dessin est un projet de planche de bande dessinée. Il était peut-être destiné à une planche pour le journal Histoire comique et naturelle des animaux. Tous les animaux inspirèrent Rabier, mais on retrouve l’oie à plusieurs reprises dans son monde qui met souvent en scène les animaux familiers de la ferme. L’oie de ce dessin est plus proche de la caractérielle Gertrude des Contes du Lapin Vert que de la courageuse Clémentine, dans l’album du même nom.
Constat d’état : Bon état, légères oxydations ne perturbant pas la lisibilité de l’œuvre.