Étude de Saint Jean-Baptiste dans un paysage par Jacopo Negretti, dit Palma Il Giovane

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Maniera et majesté pour cette belle feuille vénitienne !

Étude de Saint Jean-Baptiste dans un paysage par Jacopo Negretti, dit Palma Il Giovane.

Jacopo Negretti, dit Palma Il Giovane

Venise 1544-1628

Étude de Saint Jean-Baptiste dans un paysage

Inscrit J.P à la plume en bas à gauche J.P. et J Romano au verso.

Pierre noire, plume, encre brune et lavis brun. Au verso, croquis d’épaules à la pierre noire.

225 x 101 mm – 8 7/8 x 3 31/32 in.

Provenance – New York, Artemis & C. G. Boerner, 2004 ; collection privée.

Bibliographie – New York, Catalogue Artemis & C. G. Boerner, 2004, n° 7.

 

Ce dessin de format vertical présente saint Jean-Baptiste debout, tenant la croix, appuyé sur un rocher, les yeux levés vers le ciel, dans une attitude de pénitent. C’est une étude préparatoire pour le maître-autel (Fig. 1) d’une des chapelles du sanctuaire delle Sette Chiese à Monselice, près de Padoue.

 

fig.1

En 1592, un patricien vénitien, Francesco Duodo, obtint la permission du pape Clément VIII de démolir l’ancienne église de San Giorgio, située sur le col della Rocca, pour construire une villa, en échange de l’édification d’un nouveau site de pèlerinage sur ce domaine. Une telle démarche s’inscrivait dans la logique de la Contre-Réforme et convenait à l’image d’une famille diplomatique au service de la papauté. Le projet fut confié à l’architecte vénitien Vincenzo Scamozzi qui conçut le complexe architectural à l’image de la ville sainte en miniature (fig. 2). Après avoir franchi la porta sacra, portail monumental surmonté de l’inscription « Romans Basilicis Pares », on gravit une route – appelée localement la via romana – bordée de six chapelles dédiées aux basiliques majeures de Rome (Santa Maria Maggiore, San Giovanni in Laterano, Santa Croce di Gerusalemme, San Lorenzo fuori le mura, San Sebastiano et San Polo fuori le mura) pour aboutir à l’église San Giorgio contenant les reliques des premiers martyrs chrétiens. Le pape Paul V accorda aux pèlerins visitant ce nouveau sanctuaire les mêmes indulgences qu’à ceux qui se rendaient à Rome, assurant ainsi un substitut aux fidèles qui ne pouvaient se rendre dans la ville sainte en pèlerinage.

 

 

Fig.2 MONSELICE – Sette chiesette

 

Ce fut Pietro Duodo, fils de Francesco, ambassadeur de Venise à Rome, qui confia la commande, en 1611, à Palma il Giovane, de six toiles pour orner le maître-autel de chaque chapelle (cf. Stefania Mason Rinaldi, Palma il Giovane, L’Opera completa, Milan, 1984, p. 95, n° 164-169). L’artiste vénitien en réalisa cinq : L’Assomption de la Vierge, Saint Jean-Baptiste, Sainte Hélène, Saint Laurent et Saint Sébastien, la sixième pala étant aujourd’hui attribuée à l’un de ses élèves, le peintre bavarois Giovanni Carlo Loth.

 

Notre dessin peut être considéré comme un modello pour la composition finale de la pala d’autel de la seconde chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste qui se substituait à la Basilique Saint Jean de Latran de Rome. Il y a peu de différences entre le dessin et le retable : seul le paysage varie. L’arbre majestueux, situé à droite sur l’étude, est déplacé vers la gauche sur la toile, ce qui permet à la tête du saint de se détacher plus nettement sur le ciel lumineux.

 

Grand représentant du maniérisme vénitien, Palma il Giovane dessine le corps du saint d’une manière élancée et en accentue la torsion. Cependant, les contrastes d’ombres et de lumière, obtenus par l’opposition entre la réserve du papier et les touches de lavis sombre, technique qu’il affectionne particulièrement au début du XVIIe siècle, annoncent la période baroque. D’autres études de saint Jean-Baptiste sont conservées au British Museum à Londres avec une feuille proposant différentes poses du saint (inv. 1862.0809.14) et au musée Correr à Venise (Inv. CI. III n° 8561 et CI. III n° 8557).

 

D’autres dessins préparatoires mis en relation avec les autres retables de ce cycle de Monselice sont connus comme le Saint Sébastien conservé à l’école des Beaux-Arts de Paris (Inv. EBA 214) et le Saint Laurent de l’album Zanetti aujourd’hui au musée Correr (inv. CL III n° 8513).

 

Constat d’état – Collé par les quatre bords sur un montage moderne. Très bel état.