Étude de costume : un homme debout vêtu d’une cape et tenant une canne par Jean Berain

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Le raffinement de l’art du costume de théâtre à la cour de Louis XIV.

Étude de costume : un homme debout vêtu d’une cape et tenant une canne par Jean Berain.

UGS : da85 Catégorie : Étiquettes : , , , , , , , , , , ,
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Jean Berain

Saint Mihiel 1640 – Paris 1711

Étude de costume : un homme debout vêtu d’une cape et tenant une canne

Plume et encre brune, aquarelle, rehaussé d’or, découpé et collé sur une autre feuille de papier ; inscription postérieure Sketch for the stage en bas à droite.

Dessin : 190 x 129 mm – 7 1/2 x 5 1/8 in. ; feuille : 259 x 206 mm – 10 1/4 x 8 1/8 in.

Provenance – Angleterre, collection privée ; Londres, Rafael Valls, 1978; Londres, Jean-Luc Baroni Ltd, 2003 ; Paris, Marty de Cambiaire, 2017.

 

Découpée et collée sur une feuille qui était autrefois montée dans un album de collectionneur, cette belle étude de costume provient d’une collection anglaise comme l’indique l’inscription portée en bas de la feuille. La collection Houthakker possède deux études très proches, montées sur des feuilles portant la même inscription. Cependant, il s’agit d’aquarelles sur traits gravés, pratique adoptée de temps à autre par Bérain parce qu’elle lui permettait de pouvoir se concentrer uniquement sur la conception des costumes. Ce n’est pas le cas de notre étude dont les contours sont bien tracés à la plume.

 

La découpe des études de costumes était une pratique fréquente ; le Louvre en possède plusieurs, soigneusement collées en plein. Selon Jérôme de la Gorce, ceci permettait aux collectionneurs de ne garder que la silhouette et d’éliminer toutes les inscriptions et recommandations généralement annotées sur le côté à l’intention des artisans chargés de la réalisation des costumes (cf. Jérôme de la Gorce, « Le recueil des habits de masques du Kupferstich-Kabinett de Dresde », Jahrbuch der Staatlichen Kunstsammlungen Dresden, 2004, Beiträge, p. 63). Il arrivait aussi que le collectionneur fasse copier les annotations de l’artiste d’une belle écriture élégante et lisible sur la page opposée. Ici, comme dans les deux œuvres de la collection Houthakker, le collectionneur a redessiné l’ombre sous les jambes du personnage d’une manière qui lui semblait peut-être plus naturelle que les petites ombres pointues et stylisées de Bérain.

 

Ces études étaient des projets de costumes qui devaient être portés par les acteurs et les danseurs lors de ballets ou pièces de théâtre joués à la cour de Louis XIV. On retrouve ici la minutie et la sophistication des meilleures feuilles de Bérain. Il est difficile d’identifier le personnage dans cet univers de théâtre où bergers, messagers, fleuves et vents sont vêtus aussi richement que les souverains. Sa coiffe est ornée de bijoux, il porte un sabre d’apparat à la hanche. Sa cape tombe en volutes souples sur ses jambes élégamment positionnées pour la déclamation et sa pose rappelle celle du roi Egée dans la tragédie de Thésée (1675) dont Bérain a dessiné les costumes, mais aussi celle de Louis XIV dans ses portraits d’apparat. Le costume est relativement sobre et ne porte ni mascaron ni grotesque. Ceci indique qu’il est bien destiné à un humain et non à un personnage allégorique, qui serait affublé de ses attributs afin d’être facilement identifiable par les spectateurs. Il s’agit probablement d’un roi oriental.

 

Ce dessin, à l’exemple des plus belles feuilles du Louvre ou du musée Condé de Chantilly, est coloré avec soin ; même la doublure intérieure de la cape est parée de délicates rayures bleues et blanches. La combinaison raffinée du rose et du vert est assez typique de Bérain ainsi que les rehauts d’or ou d’argent qu’il faisait apposer par un miniaturiste afin de ne pas abimer ses couleurs. Le traitement du visage est tout aussi caractéristique de Bérain ; tracé à la plume, il est animé de subtiles petites touches de lavis, gris pour modeler et rose pour colorer les pommettes.

 

Constat d’état – Le personnage découpé et collé sur une feuille postérieure. Très bon état.